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Titre du blog : Créer c'est résister
Auteur : Girard_Kervel
Date de création : 13-08-2015
 
posté le 14-08-2015 à 00:44:48

Je t'avais prévenue

Je t'avais prévenue


je suis un Etranger...


The Stranger Song

Léonard Cohen


Etrangement cette chanson est comme un reflet du film:

Sur la route de Madison...

https://www.youtube.com/watch?v=RLq7Aqd_H7g&feature=player_detailpage



Traduction:


Traduction de Jean Guiloineau :

La chanson de l'étranger

Il est vrai que tous les hommes que tu connaissais étaient
des joueurs qui disaient avoir renoncé à chaque fois que tu leur
donnais asile. Je connais ce genre d'homme. Il est difficile
de tenir la main de celui qui ne veut aller au ciel que pour capituler.

Et, balayant les jokers qu'il a laissés, tu découvriras
qu'il ne t'a pas laissé grand-chose, même pas le rire. Comme tout flambeur,
il attendait une carte si forte qu'il n'aurait plus jamais besoin
d'en tirer une autre. Il était comme un Joseph à la recherche d'une étable.

Puis penché sur l'appui de ta fenêtre, il te dira qu'un jour
tu as affaibli sa volonté avec ton amour, ta chaleur et ton abri.
Et sortant de son portefeuille un vieil horaire de chemins de fer,
il te dira, Je t'ai expliqué quand je suis arrivé que j'étais étranger.

Mais maintenant un autre étranger semble vouloir que tu ignores ses rêves,
comme s'ils étaient le fardeau de quelqu'un d'autre. Tu as déjà vu
cet homme, ses bras d'or distribuant les cartes, mais maintenant
ils ont rouillé du coude jusqu'au bout des doigts. Et il veut changer
son jeu contre un abri. Il veut échanger le jeu qu'il connaît contre un abri.

Tu détestes regarder un autre homme fatigué poser la main comme
s'il abandonnait le jeu sacré du poker. Et tandis qu'il raconte
ses rêves pour s'endormir, tu remarques une grande route qui s'enroule
comme une fumée au-dessus de son épaule.

Tu lui dis d'entrer, de s'asseoir, mais quelque chose te fait te retourner.
La porte est ouverte. Tu ne peux fermer ton abri. Tu essaies la poignée
de la route. Elle s'ouvre. N'aie pas peur. C'est toi, mon amour,
c'est toi l'étrangère.

J'ai attendu, j'étais sûr que nous nous rencontrerions entre les trains
que nous attendions, je pense qu'il est l'heure d'en prendre un autre.
S'il te plaît, comprends que je n'ai jamais eu de carte secrète.
Voilà, c'est ce qu'il dit, tu ne sais pas ce qu'il recherche.
Quand il parle comme ça, peu t'importe ce qu'il recherche.

Retrouvons-nous demain si tu le décides, sur le rivage, sous le pont
qu'ils construisent au-dessus d'un fleuve sans fin. Puis tu te rends
compte qu'il quitte le quai pour le wagon-lit où il fait chaud,
il cherche seulement un autre abri. Et tu t'aperçois qu'il n'a jamais
été étranger. Et tu dis : "D'accord, le pont, ou un autre endroit
plus tard".

Et, balayant les jokers qu'il a laissés, tu découvres qu'il ne t'a pas
laissé grand-chose, même pas le rire. Comme tout flambeur, il attendait
une carte si forte qu'il n'aurait plus jamais besoin d'en tirer une autre.
Il était comme un Joseph à la recherche d'une étable.

Et penché sur l'appui de ta fenêtre il te dira qu'un jour tu as affaibli
sa volonté avec ton amour, ta chaleur et ton abri. Et, sortant
de son portefeuille un vieil horaire de chemins de fer, il te dira,
Je t'ai expliqué quand je suis arrivé que j'étais étranger.

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Léonard Cohen



Alain Girard